Bégaiement – des notions importantes.

Le bégaiement peut exister d’une manière continue ou intermittente. Il y a des bègues qui parlent constamment mal, quelles que soient les circonstances au milieu desquelles ils se trouvent. Il y en a d’autres au contraire qui parlent bien dans certains instants, et qui, dans d’autres, on ne sait souvent pour quelles raisons, s’expriment avec une difficulté plus ou moins grande. Cette dernière espèce est le bégaiement intermittent.

Quelquefois le retour de la difficulté de la parole est déterminé par un certain nombre de circonstances qui peuvent également exagérer momentanément le bégaiement continu, circonstances qui peuvent augmenter le bégaiement continu ou déterminer la reproduction du bégaiement intermittent. Ces circonstances sont toutes les émotions morales, les sensations vives, le plaisir, le chagrin, la colère, l’amour, la frayeur, les passions exaltées, la présence d’un public nombreux, la pensée de l’infériorité que l’on a dans une discussion, la conversation avec des hommes éminents, qui, comme on dit, en imposent, l’ivresse, et bien d’autres. Une course précipitée, des exercices violents, un état de maladie agissent souvent dans le même sens.

Le bégaiement est une affection tellement singulière, et tellement capricieuse qu’elle échappe en quelque sorte, à une description dans laquelle on voudrait faire rentrer tous les cas qui ont été observés. Chacun d’eux a en quelque sorte une physionomie propre et une expression symptomatique particulière, qui font que le bégaiement d’un individu ne ressemble pas exactement à celui d’un autre. Il y a un fait particulier que je vais citer pour démontrer tout ce que cette affection offre de singulier, c’est que les mêmes causes que nous venons de voir reproduisent le bégaiement intermittent ou augmentent celui qui est continu, peuvent, dans d’autres circonstances, ou chez d’autres bègues, faire disparaître momentanément la difficulté de parler ; on voit alors ceux qui sont sous l’influence de ces émotions, de ces passions et de ces sensations, s’exprimer avec une facilité qui étonne ceux qui les connaissent, puis retomber ensuite et parler aussi mal qu’auparavant.

Le même bègue peut présenter des différences assez grandes d’un moment à l’autre dans sa difficulté de parler ; elle varie sous le rapport de son intensité comme sous celui de son expression symptomatique, sans que rien puisse expliquer ces variations.

Le bégaiement est une affection qui dure souvent toute la vie, mais assez fréquemment on le voit diminuer et même s’éteindre complètement avec l’âge. Lorsque cela arrive, l’époque de la vie à laquelle il disparaît est assez variable ; chez certains, c’est à l’époque de la puberté ; ce fait est toutefois assez rare, et la difficulté de la parole augmente plutôt à cet âge, au lieu de diminuer. De 15 à 30 ans, le bégaiement est en général au maximum. C’est à partir de cet âge, lorsque la fougue de la jeunesse commence à se passer et que les idées sont plus calmes, qu’on le voit tendre à disparaître, et diminuer progressivement jusqu’à cesser complètement. On s’aperçoit cependant presque toujours une certaine hésitation, de la difficulté de parler dont ont été affectées ces personnes à une autre époque de leur vie, dans un assez grand nombre de cas ; et, comme je l’ai dit, le bégaiement ne cesse jamais.

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